« Nous manquons de pulpes de betteraves pour alimenter nos troupeaux  » 

Eric Chevallier, polyculteur-éleveur à Nesles-la-Vallée (Val-d’Oise), Président du Syndicat des producteurs de lait Île-de-France ouest et Val-d’Oise, Vice-Président de l’Union des producteurs de lait du bassin parisien (UPLBP) et administrateur de la FDSEA Ile-de-France.

« Une fois n’est pas coutume, la filière laitière vit des moments compliqués et l’érosion du nombre d’éleveurs en Île-de- France ouest se poursuit. Le métier n’est plus attractif à bien des égards. Les contraintes environnementales, la pénibilité et la rémunération en sont les principales responsables. 

Récemment, les règles de gestion des volumes ont été assouplies en nous autorisant à faire jusqu’à 2 % de plus que prévu. On peut légitimement penser que c’est le signe que la production laitière ne va pas fort et que la matière première manque. 

Sur la rémunération par exemple, si notre organisation de producteurs est parvenue à trouver un accord avec Lactalis pour les quatre derniers mois de l’année, il en sera autrement pour 2024 avec un prix qui devrait continuer de baisser à cause du cours du beurre-poudre qui a fortement chuté. Notre formule de prix est en effet indexée à ce cours pour 30 % de sa valeur. Dans le même temps, nos charges restent particulièrement élevées avec notamment des prix de tourteaux qui ne baissent pas et le cours de la pulpe surpressée qui a encore pris 4 euros/tonne cette année. 

S’agissant de la pulpe justement, là aussi les éleveurs laitiers rencontrent des difficultés du fait de la concurrence créée par les méthaniseurs. De nouvelles règles ont été établies et de notre volume de betteraves livrées à la sucrerie dépend maintenant le volume de pulpes auquel nous aurons le droit en retour. La plupart des éleveurs vivent une situation de manque pour alimenter les troupeaux qui les contraint soit à rationner la pulpe dans les apports quotidiens, soit à s’en passer complètement un ou deux mois de l’année. Dans tous les cas, cela conduit à des baisses de rendement inéluctables et néfastes pour nos exploitations et pour l’ensemble de la filière. »