« Alors que la situation est déjà compliquée dans nos exploitations, nous ne sommes pas aidés par une hausse du prix des engrais liée à une nouvelle taxe carbone européenne qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2026. Celle-ci a déjà eu un effet sur les prix du marché en raison d’une hausse de la demande par anticipation.
Cette taxe est un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières qui vise à soumettre les produits importés dans le territoire douanier de l’Union européenne à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens fabriquant ces produits. Cependant, nous ne sommes plus capables de produire des engrais azotés puisque toutes les usines françaises et européennes ferment les unes après les autres. Les deux principaux producteurs sont la Russie et les États-Unis d’Amérique. Comme sur de nombreux sujets, nous sommes donc dépendants des relations internationales.
Le flou
Actuellement, la solution azotée, celle la plus utilisée par les céréaliers d’Île-de-France, coûte environ 350 euros la tonne. Avec cette nouvelle taxe, nous craignons une hausse pouvant aller jusqu’à 100 euros la tonne. Tous les organismes comme les coopératives ou les négoces ne savent pas s’ils se couvrent dès maintenant pour répondre aux besoins des agriculteurs sur toute l’année, mais si les autorités changent d’avis comme souvent et reportent la taxe à l’année suivante, le prix des engrais va rebaisser. C’est le flou et personne ne sait où nous allons.
Les cours des céréales sont déjà mauvais pour les agriculteurs, si le coût de production augmente encore, nous n’allons pas nous en sortir. Nous ne pouvons pas diminuer l’utilisation d’engrais sous peine d’impacter directement le rendement et la qualité de nos productions. Il y a un risque important de diminuer le taux de protéines des céréales et il ne sera plus aux normes pour l’export. Si les engrais coûtent trop cher, nous risquons de perdre de nouveaux marchés. La taxe sur les engrais illustre le cercle vicieux dans lequel nous plongent les autorités et leurs décisions politiques. »