« Nos combats syndicaux ont été intenses ces derniers mois, et nous devons maintenir cette pression pour faire entendre notre voix. Nous refusons que la France et l’Union européenne fassent peser le poids de leurs politiques sur les agriculteurs.
Grâce aux nombreuses mobilisations du réseau FNSEA et JA, nous avons obtenu, entre autres, via la LOA (Loi d’Orientation Agricole), la reconnaissance de l’intérêt général majeur de l’agriculture. Rappelons également que les actions menées sur les routes franciliennes et devant l’Assemblée nationale le 26 mai dernier, ont permis l’adoption de la loi Duplomb qui vise à alléger les contraintes qui pèsent sur notre métier.
Cette victoire reste toutefois incomplète. Le Conseil constitutionnel a annulé, pour des raisons de forme et non de fond, la réintroduction de l’acétamipride, pourtant essentielle à la survie de certaines cultures. Nous devons faire revenir ce sujet sur la table afin de mettre fin à une distorsion de concurrence imposée par la France, alors que l’Union européenne a relevé les limites maximales de résidus, donnant raison à nos arguments et contredisant nos opposants.
La souveraineté alimentaire française est menacée. Le 26 septembre, nous avons organisé une mobilisation devant le château de Versailles pour sonner la reprise de la révolte paysanne. Ces dernières semaines, nous avons également bloqué dix contrôles phytosanitaires dans les exploitations franciliennes. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, avait appelé dès décembre 2024 à la suspension des contrôles dans nos fermes. La position de la FDSEA Île-de-France était claire : pas de contrôles tant que nos demandes, en particulier celles concernant les distorsions de concurrence, n’auront pas été traduites dans la loi.
Suite aux différents points de manifestations organisés sur notre territoire, nous avons obtenu hier, 02 décembre un rendez-vous avec le préfet des Yvelines en présence de la DRIAFF et des DDT Yvelines et Essonne.
A l’issue des échanges, nous avons obtenu, que si les contrôles sont reprogrammés, ils se tiennent sous surveillance syndicale avec pragmatisme et bienveillance.
Malgré nos alertes, les distorsions de concurrence se multiplient. En plus des surtranspositions françaises, nous faisons face à trois dossiers majeurs au niveau européen. Les débats sur la PAC post-2027 sont en cours, mais la Commission européenne a proposé une baisse de budget de 17 % ainsi que la fusion des deux piliers, deux mesures préjudiciables pour l’agriculture. Le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), taxe carbone, fait également peser un risque important avec une hausse des prix de 100 à 150 euros/hectare sur les engrais. Nous demandons que l’agriculture bénéficie d’un traitement spécifique afin que le MACF ne s’applique pas à nos exploitations.
Enfin, la possible adoption des accords du Mercosur constituerait un véritable coup de grâce pour l’agriculture française. Ils permettraient l’importation de produits dont les méthodes de production ne pourraient être contrôlées, alors que les agriculteurs européens sont soumis à des règles strictes. La traçabilité est une des priorités européennes pourtant, les clauses de sauvegarde évoquées ne seraient pas applicables faute de contrôleurs suffisants aux frontières. Nos exploitations sont déjà fragilisées par la conjoncture et la Commission européenne veut nous imposer une distorsion de concurrence supplémentaire.
Il est donc crucial de nous mobiliser le 18 décembre à Bruxelles, jour de la réunion du Conseil européen des chefs d’État ou de gouvernement, afin d’influencer leurs décisions quelques heures avant le départ d’Ursula von der Leyen pour le Brésil. Plus nous serons nombreux, moins Emmanuel Macron n’aura le choix que de porter la voix des agriculteurs français. Notre avenir en dépend.»