« Entre les normes, les contrôles et les accords du Mercosur, il y a un ras-le-bol général face à la situation de l’agriculture française. Le problème se ressent dans toutes les filières agricoles. Concernant l’élevage, nous entendons tout et n’importe quoi sur la DNC. Même s’il n’y a pas beaucoup d’élevages dans notre région, cela nous touche malgré tout.
Dans le même temps, les céréales vont mal. La fin d’année est très difficile. D’après les bilans réalisés avec les prix actuels, il manquerait entre 200 et 500 euros par hectare. Pour la deuxième année consécutive, nous allons avoir de gros trous dans les trésoreries. Aucun dispositif n’est mis en place pour soutenir les exploitations, y compris du côté des banques. J’ai une pensée particulière pour les jeunes agriculteurs qui viennent de s’installer : l’année s’annonce compliquée.
Le moral est assez morose et les agriculteurs se renferment beaucoup. J’ai récemment rappelé au préfet qu’il fallait être vigilant, car même si l’Île-de-France n’est pas encore trop touchée, le risque de suicide dans le monde agricole est réel. Avec le syndicat, nous avons la chance de pouvoir échanger et parler de nos problèmes, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, d’autant plus que nous avons du mal à voir le bout du tunnel. Nous n’avons plus confiance, ni en Emmanuel Macron ni dans les différents gouvernements qui se succèdent. Le pouvoir politique peut dire une chose un jour et son contraire le lendemain.
Avec les accords du Mercosur, on va vendre des voitures en Amérique du Sud et importer des produits agricoles qui ne respectent pas nos normes. Encore une fois, on marche sur la tête. Nous avons le sentiment que l’agriculture est devenue la variable d’ajustement au niveau européen. Il faudrait déjà réussir à se mettre d’accord au sein de l’Europe, car les normes ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, ce qui crée des distorsions de concurrence. Il y a des non-sens partout. Sur le plan écologique, ces accords sont contradictoires. On veut laver plus blanc que blanc en imposant des normes, puis on revient dessus, à l’image de l’Union européenne qui fait marche arrière sur la fin des moteurs thermiques. Il n’y a aucune vision à long terme. La souveraineté alimentaire en est le parfait exemple. Ce ne sont que des mots. Aucune décision ne va réellement dans cette direction.
Malgré cette situation, je souhaite de bonnes fêtes de fin d’années à tout le monde et je donne rendez-vous le 15 janvier pour l’assemblée générale du syndicat de Saint-Arnoult. »