« Notre production n’est pas une boîte de conserve », par Jean-Claude Guehennec

Maraîcher au Mesnil-le-Roi (Yvelines), Jean-Claude Guehennec est président de l’Union des producteurs de fruits et légumes d’Ile-de-France et vice-président de la FDSEA Île-de-France.

Horizons : Dans quelle situation se trouve les exploitations maraichères franciliennes ?

Jean-Claude Guehennec : La situation est relativement mitigée et surtout très différente d’une exploitation à une autre. Tous les maraîchers ont connu un gros coup dur en 2016 et ont fini l’année avec des trésoreries au plus mal. Nous attendions beaucoup de 2017 pour pouvoir relever la tête mais ce n’est pas le cas pour tous. Certes, l’année a été plus calme car nous n’avons pas connu de coup dur mais du point de vue de la production comme des prix, elle n’a été ni
bonne, ni mauvaise. On ne peut plus faire de généralités ou parler d’exploitation type car selon les surfaces, les modes de commercialisation, les types de production, chaque entreprise est aujourd’hui dans une situation différente. Il est simplement apparu que les maraîchers qui vendent sur les marchés s’en
sont légèrement mieux sortis.

Que pensez-vous des mesures annoncées lors des États généraux de l’alimentation ?

Je suis très sceptique sur tout cela. On parle notamment d’élever le seuil de revente à perte, mais c’est la loi du marché qui fait la demande et donc les prix. La grande distribution achète sans cesse moins cher alors que nos coûts de production, eux, restent les mêmes voire augmentent. Pour moi, ce
sont des effets d’annonces. En tout cas, je demande à voir… et je suis très inquiet pour la suite.

Depuis quelques mois, il a beaucoup été question de l’usage du glyphosate et plus globalement des produits phytosanitaires en agriculture ? Quel est votre point de vue à ce sujet ?

D’abord, nous ne sommes pas à égalité avec nos voisins européens sur ce sujet. Autour de nous, des pays utilisent des molécules interdites en France. Si nous n’avons plus le droit de les utiliser, il devrait donc aussi être interdit que des productions ayant reçues ces molécules soient importées en France ! Par ailleurs, il serait important d’expliquer que si nous utilisons certains produits phytosanitaires, c’est en partie pour s’adapter à la demande du consommateur ! C’est en effet le choix du consommateur de vouloir des salades indemnes de pucerons et limaces, des tomates bien rondes et rouges… Notre production n’est pas une boîte de conserve, la nature existe et il faut composer avec elle.

Les exploitations font face à un autre défi, celui du numérique…

L’évolution numérique est très rapide et il est désormais nécessaire de s’équiper et de s’adapter en permanence. Nous nous devons quasiment aujourd’hui d’être équipés en plein champ pour recevoir les commandes en direct. Ce n’était pas encore le cas il y a deux ou trois ans. J’ai confiance, le monde agricole saura rester unis et s’adapter.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE GUILLAUME