« Statut du fermage : agissons vite et bien pour ne pas subir », par Bertrand Caffin

Il y a des congrès qui peuvent paraître trop longs et d’autres trop courts ! Celui de la Section nationale des fermiers et métayers (SNFM) tenu cette année à Marcy-L’Etoile (Rhône) aurait peut-être mérité une journée de plus, tant le thème était ambitieux. Avec un titre un tant soit peu provocateur – « Vers un nouveau statut du fermage » –, ce 70e congrès marque un nouveau style et surtout une nouvelle dynamique. Singulière, par la présentation d’un manifeste en préambule des travaux, sur ce que pourrait être une refonte du statut du fermage. Si les bailleurs y pensent depuis longtemps, c’est donc quelque part pertinent de la part du nouveau président, Luc Roland, d’anticiper et de prendre la main afin d’assurer, à l’avenir, un meilleur équilibre dans la défense des intérêts à la fois des fermiers et des bailleurs. A l’heure où l’agriculture est de plus en plus remise en question dans ses fondements, certains sont tentés de redéfinir les règles « tous azimuts ».

Aussi, dans cette tentation de réformer toujours plus, il aurait été plus opportun dans l’intitulé du congrès – « Plus de sécurité pour les fermiers et davantage de liberté pour les bailleurs » – de parler plutôt de « souplesse » que de « liberté », laquelle laisse croire que l’on pourrait accorder plus qu’il n’en faut à nos bailleurs. Davantage de liberté équivaut souvent, c’est mon avis, à moins de sécurité. Et il est toujours prudent de rappeler que ce qui est fondamental dans ce statut, qui a permis aux exploitations françaises de s’assurer une véritable stabilité économique, c’est son caractère d’ordre public. Ce fondement reste encore plus d’actualité aujourd’hui dans un contexte aussi déstabilisant. Enfin, si ce congrès a également insisté sur d’autres points comme le développement accéléré du travail à façon intégral et la velléité des pouvoirs publics de remettre en cause le contrôle des structures, l’urgence est bien, comme la FNSEA l’a déjà engagée, de se battre au niveau national pour la mise en place d’un véritable statut de l’exploitant, réservé à ceux qui vivent véritablement de leurs activités agricoles.

En conclusion : agissons vite et bien pour ne pas subir.