« Des chiffres d’affaires en berne depuis quelques mois »

Maraîcher à Cergy (Val-d’Oise), Vincent Duval est président du syndicat agricole de Cergy et administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

Horizons : L’assemblée générale du Syndicat agricole de Cergy s’est déroulée en début de semaine. Comment vont les producteurs ? 

Vincent Duval : Nous avons en effet tenu notre assemblée générale avec une volonté de relancer notre syndicat qui réunit une vingtaine de producteurs de Cergy et des communes voisines. Nous étions une dizaine à nous réunir, ce qui témoigne d’un certain intérêt. Le contexte actuel incite peut-être les exploitants à se tourner vers le collectif afin d’y trouver du soutien et du réconfort. Je me réjouis en tout cas de cette belle participation. Malgré cela, nous avons à déplorer un constat quasi unanime, nos chiffres d’affaires ont tous beaucoup souffert à la fin de l’année 2021, que ce soit dans les exploitations en agriculture conventionnelle ou en bio. Nous enregistrons jusqu’à – 15 voire – 30 % sur les deux derniers mois de l’année. 

Identifiez-vous les causes de cette chute brutale des chiffres d’affaires ? 

C’est une de nos grandes difficultés, nous avons du mal à comprendre les causes réelles de cet effondrement des ventes. Les gens sont stressés, méfiants les uns envers les autres, sans doute du fait du contexte sanitaire pesant depuis deux ans, mais cela ne peut pas tout expliquer. Nous supposons que le recours au télétravail et les nombreux départs en province ont aussi un impact. Les gens qui travaillaient à Cergy par exemple, qui faisaient leurs courses ici avant de rentrer chez eux le soir et qui sont désormais beaucoup en télétravail ont probablement changé leurs habitudes. 

Le conflit en Ukraine a déjà des répercussions sur l’activité agricole. À quelles difficultés de production vous attendez-vous ? 

Le maraîchage ne sera évidemment pas épargné par le contexte géopolitique. Le coût de la vie va augmenter pour tout le monde, donc le pouvoir d’achat va baisser et l’alimentation sera inévitablement une variable d’ajustement. 

L’électricité, le gaz, les engrais, tout flambe… Même si nous ne sommes pas de gros consommateurs, l’ammonitrate a, par exemple, triplé voire quadruplé de prix. Au niveau du gaz, j’attends de voir la prochaine facture mais j’ai envisagé de ne plus chauffer les serres si celle-ci explose car, de toute façon, nous ne pourrons jamais répercuter cette hausse du coût de production sur la vente du produit final. 

 PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE GUILLAUME