« Ukraine : l’agriculture en première ligne »

Agriculteur à Morigny-Champigny (Essonne), Benoit Mazure est le président du syndicat Hurepoix-Étampois et à ce titre, administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

« Tout d’abord, je tiens à exprimer ma compassion envers le peuple ukrainien qui, à l’heure où j’écris ces lignes, se trouve sous les bombes. Je pense en particulier à nos confrères ukrainiens qui doivent continuer leurs travaux agricoles dans un pays en guerre. Ce conflit aura malheureusement des conséquences bien au-delà des frontières de l’Ukraine. Emmanuel Macron a d’ailleurs prévenu le monde agricole lors de son bref passage au Salon de l’agriculture et a dit vouloir travailler à ‘‘un plan de résilience’’. 

Il y a, en effet, urgence à rechercher des solutions pour contrer cette spirale inflationniste dans laquelle nous sommes entrés. Chacun a pu mesurer dans son exploitation l’explosion des prix de l’engrais. Nous réalisons que tous les marchés sont imbriqués : gaz, engrais, céréales, et que lorsque le gaz flambe, le reste suit. À court terme, je crains qu’il ne faille, hélas, nous attendre à de nouvelles augmentations des tarifs de nos intrants. Espérons que le ‘‘bouclier’’ promis par l’exécutif pour contrer les hausses de coûts soit à la hauteur… 

Dans tous les cas, ce conflit doit interpeler nos dirigeants sur la pertinence des stratégies agricoles prévues par la prochaine Pac. Espérons qu’ils saisissent la gravité des enjeux et qu’ils ne cèdent plus aux discours décroissants de certains (ir)responsables politiques. On le voit aujourd’hui, désarmer sur des secteurs comme l’énergie ou l’agriculture, c’est clairement se mettre à la merci de pays hostiles. L’Europe doit se ressaisir rapidement et faire de l’indépendance énergétique et alimentaire une priorité absolue. La souveraineté alimentaire fut à la base de la construction européenne, plus que jamais elle doit le rester ! »