« 1 % de SAU bio perdue, c’est 280 millions d’euros jetés par les fenêtres ! »

 Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est Président de la commission agriculture biologique de la FDSEA Île-de-France. 

« Après avoir participé aux barrages sur les autoroutes, les agriculteurs bio d’Île-de-France ont mené une action syndicale propre à leurs spécificités. En effet, la filière bio est exsangue, les déconversions sont en cours et ce n’est pas faute de l’avoir annoncé depuis deux ans. Il est urgent de relancer le marché des produits biologiques, comme de valoriser les particularités de l’agriculture biologique. Ainsi nous nous sommes présentés devant la forteresse de Bercy car le tout-puissant ministère de l’Économie était notre cible : qui doit faire respecter les lois Egalim et les 20 % de bio dans les cantines ? Qui doit contrôler la loyauté des importations et les pratiques de la grande distribution ? Qui doit veiller à la bonne utilisation des fonds publics ? Qui peut orienter les financements et la fiscalité pour répondre aux objectifs de la société ? Aujourd’hui, nous ne sommes qu’à 6 % de bio dans la restauration collective et ce ministère ne respecte même pas dans sa propre cantine ce qu’il est censé contrôler. Par ailleurs, les premiers contrôles dans les GMS (diligentés en catastrophe) montrent plus de 30 % d’anomalies et des marges indécentes ! Quant aux importations déloyales ou aux tampons appliqués si facilement à l’entrée du territoire national, que font les fraudes et tous les contrôleurs si prompts à venir dans nos fermes ? Il semble que l’on n’y sache pas non plus compter : 1 % de SAU bio perdue, c’est 280 millions d’euros jetés par les fenêtres. Alors pourquoi refuser de mettre bien moins pour maintenir ceux qui sont déjà en place plutôt que de persister à toujours vouloir de nouvelles conversions ? Certes, nous aurions pu avoir d’autres cibles : la Commission européenne, la distribution, les intermédiaires, les consommateurs eux-mêmes ne sont pas sans responsabilité. Certes, il nous faut reconstruire des filières bio stabilisées et pérennes. Mais ce qui est urgent pour l’agriculture française, bio ou pas, c’est de faire cesser la surdité et les incohérences de nos dirigeants politiques. »