« On ne crie pas au scandale quand des pulvérisateurs désinfectent les bancs publics » 


Agriculteur à Buno-Bonnevaux (Essonne), Samuel Herblot est président de la section des irrigants d’Île-de-France et administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

« Après plusieurs semaines de temps sec qui ont largement fragilisé les cultures, la pluie est revenue depuis les premiers jours du mois de mai. Même si les quantités sont disparates selon les secteurs, cela a permis de remettre des couleurs à la plaine et de redonner le moral aux agriculteurs qui ont poursuivi, malgré le contexte sanitaire et le confinement, leurs activités quotidiennes afin de continuer à nourrir la population. Les producteurs sont pleinement mobilisés. 

Malgré tout, les dégâts provoqués par ce stress hydrique du mois d’avril sont là, notamment dans les orges d’hiver où on observe beaucoup de virose, une maladie très peu visible causée par les pucerons présents durant l’automne. 

Les pucerons sont aussi, en ce moment, la bête noire de ceux qui ont semé des betteraves ces dernières semaines. Les cultures, dans de nombreux secteurs, se retrouvent infestées, obligeant à plusieurs interventions en plaine pour lutter contre ces pucerons et sauver nos cultures. Cela est la résultante de la suppression totalement aberrante des néonicotinoïdes, un traitement de semences qui permettait d’éloigner les pucerons. Résultat, nos pulvérisateurs sont forcés de parcourir la plaine au risque d’être encore davantage taxés d’empoisonneurs et de pollueurs alors qu’il ne nous reste plus que cette solution ! 

En cette période de Covid-19 et de déconfinement où les rues de plusieurs communes et les bâtiments publics ont été désinfectées à coup de pulvérisateurs, la situation est d’autant plus absurde. Et là, pour le coup, personne ne crie au scandale… »