« L’union fait la force… mais ne permet pas toujours de s’imposer ! » 

EDITO. Agriculteur à Us (Val-d'Oise), Godefroy Potin est président du Service de remplacement en Agriculture d'Île-de-France et administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

 « Dans le métier, on peut le dire : on ne s’ennuie pas ! Entre météo capricieuse, agressions diverses des cultures et tout ce qui n’est pas notre job mais que l’on subit (administration, politique, riverains ou gens du voyage…), il y a de quoi faire ! 

Mon humeur actuelle est très variable, mais j’essaie toujours de me rattacher à quelque chose pour rebondir (ma méthode Coué). Voilà deux exemples : 

- Je ne peux m’empêcher de revenir sur le saccage des champs de notre secteur par certains gens du voyage, et ce, en toute impunité. En voyant ça, on a d’abord envie de prendre son fusil. Puis, on voit le déploiement de bonnes volontés des gens concernés pour trouver la moins pire des solutions face à ces hors-la-loi… Il est sûrement facile de se satisfaire du résultat mais sans ce réseau syndical et ces échanges, le dénouement n’aurait pu être que pire individuellement. J’en veux à cette communauté et à l’administration et aux politiques qui laissent faire mais je félicite les élus investis et surtout les agriculteurs qui ont été touchés. Espérons qu’ils seront soutenus à la hauteur de leur attitude exemplaire. 

- Autre prise de tête de l’année : comment développer son activité dans un contexte législatif, réglementaire et sous la pression des riverains… Comme beaucoup, j’aurais préféré vivre simplement de mon métier mais je dois trouver des solutions pour adapter ma structure aux contraintes actuelles et à venir. Facile à dire, bien plus dur à faire ! J’en suis arrivé à construire un projet en prenant en compte prioritairement les contraintes et en laissant au second plan la fonctionnalité et le bon sens tout en allongeant la rentabilité. J’en veux aux ''néo-ruraux'' qui trouvent toujours des appuis pour être contre tout sans aucune concertation. Les uns poussent votre projet quand d'autres sont contre. Je désespère de réussir à les consulter en bonne intelligence et pourtant, je prends sur moi pour rester courtois… J’en veux à l’administration qui malgré une apparente bonne volonté se noie dans des règles contradictoires entre normes, réglementations ou avis de l’architecte des Bâtiments de France. Heureusement, là aussi je ne suis pas seul. On se soutient entre collègues et l’implication syndicale et politique de certains agriculteurs nous permet de faire connaître notre dossier. Merci à eux ! 

Heureusement nous sommes unis à différents niveaux, ce qui nous permet d’exister, pas toujours de nous imposer mais de résister en gardant notre âme paysanne. 

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne fin de moisson, une nouvelle fois chaotique. »