« Convaincre le consommateur de l’intérêt de la bio »

Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est secrétaire général du syndicat local de Beauce-Gâtinais et président de la commission agriculture biologique de la FDSEA Île-de-France. 

Horizons : Comment se porte le marché de l’agriculture biologique en ce début d’année 2022 ? 

Stéphane Besnard : Le marché de l’agriculture biologique a tendance à se tendre ces derniers mois. En tout cas, il ne suit pas l’évolution des prix que connaît l’agriculture conventionnelle. À la suite de nombreuses conversions en bio ces dernières années, la production biologique a fait un bond considérable. Cela est positif pour le consommateur car il y a davantage de disponibilités de matières premières françaises et donc moins de produits d’importation mais, dans certains secteurs, nous rencontrons des difficultés pour écouler la marchandise. Le lait et les oeufs en circuits longs sont les deux secteurs les plus touchés. Le risque de « dé-conversions » est à envisager. 

Comment expliquer ce changement de situation ? 

Auparavant, la demande absorbait facilement l’offre disponible. Ces derniers temps, on observe un affaiblissement de la consommation de produits biologiques. L’agriculture biologique s’est peut-être trop reposée derrière le label « AB » en oubliant d’en faire la promotion. Aujourd’hui, il est temps de communiquer sur le sujet et d’expliquer aux consommateurs pourquoi il est intéressant de consommer bio origine France. 

Pensez-vous que cette situation va durer, voire s’amplifier ? 

L’effet des prix hauts en agriculture conventionnelle a mis un coup d’arrêt aux conversions en agriculture biologique. C’est une chose de décréter politiquement l’objectif d’atteindre rapidement 25 ou 30 % d’agriculture en mode biologique mais encore faut-il que les consommateurs suivent et cela ne se décrète pas. J’ai été très choqué d’entendre le président du Min de Rungis, Stéphane Layani, dans une interview donnée à Wendy Bouchard sur France Bleu le 27 octobre dernier qui disait : « On aura réussi quand il n’y aura pas de différence entre le bio et le reste ». Je trouve ça très dangereux, de nature à mettre à terre économiquement l’agriculture biologique mais aussi à imposer toujours plus de contraintes à l’agriculture conventionnelle. C’est incompréhensible, tout comme le serait la perte des aides qui valorisent les efforts et les pratiques vertueuses des agriculteurs bio franciliens. Encore plus dans ce contexte ! 

Parlez-nous de la prochaine édition du salon Tech&bio ? 

C’est une grande satisfaction d’accueillir une nouvelle fois en région Île-de-France le salon Tech&bio. Il se tiendra le 17 juin à Saint- Germain-Laxis (Seine-et-Marne) et aura pour fil rouge « Produire, transformer et vendre ». Il sera consacré aux grandes cultures avec un pôle diversification animale et maraîchage. Le Pôle de compétitivité technique en agriculture biologique (PCTAB) travaille d’arrache-pied sur cet événement qui touchera les agriculteurs bio mais aussi les conventionnels qui étaient déjà venus nombreux en 2018 lors de la première édition francilienne.