« Que la fête commence ! »

Agriculteur à Gometz-la-Ville (Essonne), Christophe Lerebour est président de l’association Agri’développement Île-de-France et administrateur de la FDSEA. 


 » J’ai assisté en ce début du mois de février à une des premières réunions organisées par la chambre d’Agriculture, la FDSEA et les JA. Ainsi, de nouvelles réglementations vont gérer le rythme de l’agriculture pour les cinq prochaines années. Elles ont toutes été abordées dans un silence pesant : que ce soient les nouvelles normes environnementales (BCAE, Maec, ZNT, Zones vulnérables, arrêté abeilles, zones de captages prioritaires, fossés qui deviennent cours d’eau et vice-versa et la nouvelle Pac…). Les conséquences sur nos exploitations auront un impact très lourd et nous ne serons pas « à la fête » ! 

L’année 2023 sera donc l’année de tous les dangers. Nous devrons assimiler toute une nouvelle panoplie d’obligations, d’interdictions, de déclaratifs, de casse-têtes agronomiques. Nous devrons à nouveau courber l’échine devant la toute puissante administration et l’idéologie dogmatique environnementale pilotée par quelques fous furieux. 

Nous savions tous depuis plusieurs années que l’agriculture vivait des heures sombres par bien des manières. Nous pensions avoir tout vu, eh bien non ! L’imbécilité humaine n’a pas de limites. Je découvre avec un peu de naïveté que l’homme est capable d’être un grand créatif et lorsque celui-ci est animé par un esprit de destruction, son imagination peut être débordante. 

Ainsi, le modèle agricole que nous avons connu, que nous avons adapté en permanence depuis des générations, va devoir à nouveau se remettre en question pour ne pas disparaitre. Vous me direz que ce n’est pas nouveau et que nous sommes habitués. Nous saurons encore une fois nous adapter comme de gentils petits « serfs » résignés. Mais voilà que l’idéologie complexe concoctée par nos dirigeants pourrait basculer vers un avenir bien plus incertain pour notre agriculture. 

Rappelons-nous que nos gouvernants, après avoir détruit la puissance agricole ces dix dernières années par des décisions suicidaires, se retrouvent devant une problématique bien plus complexe : le renouvellement des générations. Celui-ci ne se fait plus ou difficilement. Il pourrait bien être catastrophique demain si cette politique perdure. Cela sera certainement un défi bien plus compliqué à gérer que de venir « emmerder » (le mot est devenu à la mode) nos agriculteurs avec des normes toujours plus pernicieuses. Comme nos jeunes sont de plus en plus réticents à devenir agriculteur, la profession n’attire plus. Je parle bien de ceux qui exercent réellement le métier, pas des pseudo… Notre société va devoir prendre conscience que nos nouveaux chefs d’entreprise ne veulent plus travailler 60 heures par semaine, se faire lyncher sur les réseaux sociaux ou dans les médias, ou encore se voir imposer des réglementations grotesques. Cette société-là devra très bientôt assumer les conséquences des changements de notre pays, qui interviendront d’ici quelques années sur l’indépendance et la façon de s’alimenter. 

En conclusion, tout cela n’est pas très grave. Tant que nos grands décideurs, nos faiseurs de morale pourront profiter sans retenue de la vie et goûter à ces plaisirs…parce qu’ils n’auront aucun compte à rendre sur leurs prises de décision, peu importe qu’il n’y ait plus d’agriculteurs demain en France, le plus important c’est qu’il reste un peu de champagne Russe pour que la fête puisse continuer… »