« L’Europe a donné son feu vert pour revenir à une TVA équine réduite. L’État français doit s’y conformer »

Agriculteur à Sonchamp (Yvelines), Mathieu Penel est administrateur de la Fédération nationale du cheval, membre du comité Vivéa et, à ce titre, administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

Horizons : Comment se porte la filière équine que vous représentez ? 

Mathieu Penel : Disons qu’elle pourrait se porter bien mieux ! Début avril 2022, les ministres européens de l’Économie et des Finances ont adopté la révision de la politique des taux de TVA. La filière équine est concernée à travers un amendement spécial et cela devait nous permettre de revenir à un taux de TVA réduit de 5,5 % contre 20 % aujourd’hui. Plus de huit mois après cette décision, le gouvernement français n’a toujours pas jugé bon de mettre en oeuvre la mesure. Ce n’est pas faute de solliciter l’État sur ce sujet, mais il est aujourd’hui difficile d’obtenir gain de cause sans mener des actions pour se faire entendre. L’Europe a donné son feu vert pour revenir à une TVA équine réduite. L’État français doit s’y conformer. 

Quel impact cette décision a-t-elle sur le quotidien ? 

Nous sommes soumis à la TVA à 20 % depuis une dizaine d’années. Depuis, les effets se sont fait ressentir sur les activités d’élevage et de pension. Il y a moins de naissances d’équidés, moins de chevaux en pension… Autour de moi, j’ai par exemple de nombreux témoignages de centres équestres qui ne trouvent pas de chevaux pour l’instruction. C’est problématique pour la dynamique de la filière. 

Aussi, c’est un vrai casse-tête au quotidien de devoir composer avec plusieurs taux de TVA (10 ou 20 %, NDLR) selon l’activité ou la prestation. La filière gagnerait en visibilité et en efficacité à bénéficier d’un taux de TVA unique. 

Au printemps dernier, vous avez été touché par le violent épisode de grêle qui s’est abattu sur la région de Rambouillet. Comment abordez-vous cette nouvelle campagne ? 

Quelques-unes de mes parcelles ont effectivement été impactées par le passage de la grêle. C’est toujours un événement marquant dans la vie d’un agriculteur. Nous avons été accompagnés par l’État et j’ai pu toucher une indemnité, même si cela n’est jamais à la hauteur du préjudice subi. Cela faisait une vingtaine d’années que j’avais fait le choix de ne pas assurer mes cultures contre la grêle. Aujourd’hui, compte tenu des coûts de production et des prix qui sont montés en flèche depuis le début de la guerre en Ukraine, il est probable que j’assure mes récoltes cette année. Cela devient indispensable.