Dépôts sauvages : « un dispositif inédit de repérage par satellite »

Agriculteur à Boissy-l’Aillerie (Val-d’Oise), Paul Dubray est conseiller départemental, président du syndicat local du Vexin et administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

 Horizons : Vous avez ardemment travaillé ces derniers mois sur la problématique des dépôts sauvages. Que représentent-ils en termes de nuisances et de charges financières pour le territoire du Val-d’Oise ? 

Paul Dubray : Nous recensons près de 250 points de dépôts illégaux sur le territoire val-d’oisien. Le Plan régional de prévention et de gestion des déchets d’Île-de-France évalue le coût annuel cumulé pour leur résorption à près de 14 millions d’euros par an en Val-d’Oise. Dans le cadre de son fonds Val-d’Oise territoires, le Département aide les communes en finançant des opérations de lutte contre les dépôts sauvages (évacuation des déchets, pose de barrières, pièges photographiques, création de merlons…). Près de 200 000 euros ont aussi été alloués aux communes ces deux dernières années. C’est devenu un véritable fléau qui coûte cher à la collectivité et le Val-d’Oise a décidé de prendre la problématique à bras-le-corps. 

Un dispositif inédit vient d’être mis sur pied dans le département. Expliquez-nous. 

Le département du Val-d’Oise est pionnier en la matière. Le dispositif que nous avons mis sur pied est en effet inédit en France. Il associe le Département, Val-d’Oise numérique, les intercommunalités et la société Disaitek qui a développé une solution innovante de repérage des dépôts sauvages par satellite. Toutes les semaines, nous aurons ainsi des informations précises sur les éventuels dépôts, leurs emplacements précis, les quantités et leurs typologies. Aussi, le Département créera courant 2023 un centre de supervision afin de mettre les sites signalés sous surveillance et ainsi permettre à la gendarmerie d’appréhender le plus rapidement possible les auteurs. 

Ce dispositif s’accompagne de la création d’une charte qui engage divers acteurs. Quel rôle tient ce document ? 

Le secteur du bâtiment génère en Île-de-France un volume de 10 millions de tonnes de déchets par an, avec une grande disparité dans leurs conditions de valorisation. Lorsque certains de ces déchets sont déversés illégalement dans la nature, cela fait du tort à l’image de cette filière. Cette charte de lutte contre les dépôts illégaux a donc été initiée par la Fédération française du bâtiment (FFB) du Val-d’Oise et regroupe les collectivités locales, le Département, la Région, les PNR* ainsi que la profession agricole, massivement touchée par ces actes d’incivilité. L’objectif est d’associer les moyens des signataires pour structurer une instance de pilotage et de suivi des interventions, formaliser un observatoire du développement du phénomène pour mobiliser les moyens visant à faire cesser ces actes illégaux et définir les engagements respectifs de chacun. 

PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE GUILLAUME