« Réveillez-vous, il est grand temps ! »

 Agriculteur à Boissy-sans-Avoir (Yvelines), Jérôme Corby est membre du bureau de la FDSEA Île-de- France. 

 » Mais que fait ton syndicat ? » C’est la question que m’a très sérieusement posé un de mes voisins agriculteurs – non syndiqués évidemment – il y a quelques semaines alors que nous échangions sur les problématiques que nous rencontrons tous. Ce n’est pas la première fois que je me fais interpeller de la sorte mais je dois avouer que mon agacement est chaque fois plus grand face à ce genre de remarques. D’autant que ces mêmes personnes sont les premières à vouloir bénéficier des acquis syndicaux en courant à la mairie chercher l’imprimé pour le remboursement de la TICC ! 

À chaque fois, je réponds en expliquant que le syndicat défend toutes les productions et permet régulièrement de sauver la profession agricole de la catastrophe. À quoi ressembleraient nos exploitations aujourd’hui si la version initiale des ZNT était appliquée, si personne ne s’était élevé contre la suppression pure et simple du glyphosate ou encore si un travail de longue haleine n’avait pas été fourni par des hommes et des femmes investis – parfois au détriment de leur vie personnelle – pour rendre acceptable les contours de la future Pac ? 

Quel manque de reconnaissance vis-à-vis de tous ces professionnels, actifs et non actifs, qui sont engagés au quotidien pour la défense de notre métier. C’est un investissement physique, moral et familial et tous ceux qui sont engagés le font sans compter pour faire valoir le métier, et préserver la ruralité si souvent mise à mal. 

Aujourd’hui, les combats sont nombreux : Pac, charte riverains pour les ZNT, suppression des néonicotinoïdes, remise en cause de nombreuses molécules, directive nitrates, urbanisation, aménagements routiers incompatibles avec la circulation agricole… 

Notre métier est un métier noble et nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes. Nos aïeux nous ont transmis un outil de travail que nous préservons et continuons de faire évoluer au fil du temps. Nous souhaitons pour la plupart d’entre nous transmettre nos exploitations aux générations futures. Chaque jour, nos activités agricoles sont remises en question. Syndiqués ou pas, nous sommes tous dans le même bateau, il n’a jamais été aussi vital de s’engager pour défendre l’agriculture et la ruralité. Alors investissons-nous, soyons solidaires les uns des autres et avançons dans le même sens sinon nos détracteurs remporteront la victoire. 

À l’aube de toutes les emmerdes et de systèmes d’information qui fliqueront nos moindres faits et gestes dans nos champs, il est temps de se réveiller ! »