« Nos détracteurs se trompent de cible »

Agriculteur à Tilly (Yvelines), Thomas Robin est vice-président de la chambre d’Agriculture et président de la commission Action syndicale de la FDSEA Île-de-France. 

« ZNT, Pac, directive Nitrates, agribashing… Voilà plus de deux quinquennats que nous sommes entrés dans l’ère de la décroissance et de la déconstruction agricole. Aujourd’hui, s’ajoutent à cette longue liste non exhaustive les néonicotinoïdes, demain le S-métolachlore, et sans doute, malheureusement, d’autres suivront… Alors plus que jamais, nous avons besoin de personnes compétentes en agriculture dans les ministères et les plus hautes sphères de l’État pour nous permettre de gagner en clairvoyance et nous apporter la stabilité et la visibilité dont nous manquons cruellement pour conduire nos exploitations. 

La France sait mettre à l’honneur ses paysans quand elle a besoin d’eux. Une crise, une guerre, on a besoin de gel hydroalcoolique, de moutarde ou autres denrées manquantes, les agriculteurs sont quasiment élevés au rang de héros. Et puis, dès la situation stabilisée, les paysans redeviennent ces  »têtes à abattre », pollueurs ou je ne sais quoi d’autre. 

Depuis quelques années, l’évolution du climat nous confronte à des périodes sèches de plus en plus longues et précoces. La gestion de l’eau pour alimenter les cultures devient une véritable question sur laquelle il va falloir que les pouvoirs publics et la société tout entière acceptent de se pencher. 

Nous vivons aujourd’hui dans une société française où des pseudo-écolos manifestent — parfois violemment — contre des bassines alors qu’il se construit des milliers de piscines chaque année chez les particuliers. Parlons aussi du nombre incalculable de récupérateurs d’eau de pluie installés chez les particuliers ou encore des retenues d’eau dans les stations de sport d’hiver qui n’ont d’utilité que pour les loisirs. Pour skier, c’est oui. Pour manger demain, c’est non. Cherchez l’erreur ! 

Notre président, Damien Greffin, l’a dit la semaine passée et je le répète à mon tour : nous avons besoin de courage politique ! Nous avons besoin que soient réaffirmées la nécessité et l’envie d’une agriculture forte et productive en France. »