« Le monde à l’envers »

Agriculteur à Congerville-Thionville (Essonne), Antoine Benoist est président du syndicat local Beauce- Gâtinais et administrateur de la FDSEA Île-de-France. 

Nous l’avons échappé belle ! Enfin si on peut dire, car cela n’a rien de réjouissant. Début avril, on nous annonçait encore une aberration de plus. L’Anses ayant retiré l’autorisation de mise sur le marché de la phosphine à compter du 25 avril prochain, les cales des bateaux de marchandises ne pourraient plus être traitées avec cette molécule, interdisant de fait à la France d’exporter ses céréales hors des pays de l’Union européenne, lesdits pays exigeants ce traitement avant de réceptionner les marchandises ! Il aurait fallu que la profession agricole monte une fois de plus au créneau pour que le ministère de l’Agriculture s’émeuve du problème et aille chercher un arbitrage… à Matignon ! 

Nous voilà avec une illustration parfaite de nos nombreuses problématiques en France : toujours faire plus blanc que blanc, surtransposer à tout-va. Car dans ce cas, aucun règlement européen n’interdit ce produit sur l’export des céréales… alors même que les pays importateurs l’autorise et même l’exige ! Ces derniers mois, les interdictions se multiplient. On nous retire nos moyens de production, on pose des freins aux exportations… Et demain ? L’Anses sait-elle vraiment de quoi elle parle ? Est-on vraiment conscient en France de l’enjeu alimentaire dans notre pays ? En Europe ? Et dans le monde ? 

Il serait grand temps d’ouvrir les yeux et de stopper dogmatisme et dérives idéologiques à toutes les sauces car, à quelques milliers de kilomètres de nous, le président russe Vladimir Poutine a, lui, bien conscience des enjeux alimentaires, il en a même fait une arme de guerre.