« Après le beau temps, les inondations ! »

François Lecoq, agriculteur à Gambais (Yvelines) est président du syndicat local de Houdan et administrateur de la FDSEA Ile-de-France.

 « Il paraît toujours étonnant de voir des ruissellements et des inondations en période estivale. Les agriculteurs préparent leurs terres pour les semis et donc la récolte 2024. Ils prévoient. Au niveau « gestion » des ruissellements et inondations, on aimerait qu’il en soit de même. 

Après les inondations de 2000, un grand Plan Eau Île-de-France devait être mis en place. À part les réunions et les études, rien n’a évolué sur le terrain. Le profil de nos cours d’eau et rivières se détériore, et les arrivées d’eau sont toujours plus nombreuses (zones pavillonnaires, parcs d’activités, goudronnage des trottoirs, pistes cyclables…). 

Nos politiques ont l’impression d’avoir une idée géniale en stockant l’eau hivernale avec la création de grands bassins en zone agricole. Mais si on regarde 300 ans en arrière, ces bassins existaient déjà. Ils s’appellaient « étangs » en forêt de Rambouillet par exemple et ils servaient à stocker l’eau des différents bassins versants. Ces étangs étaient équipés de vannages pour recharger les rivières quand il y en avait besoin. 

En effet, il fallait bien alimenter les rivières en eau toute l’année pour divers usages : faire boire les bêtes dans les prés, permettre le fonctionnement des lavoirs et des moulins à eau… 

Aujourd’hui, ces étangs situés en forêt domaniale n’ont pas été entretenus, ils sont envasés, des arbres ont poussé dans les étangs, les vannages sont hors d’usage… Ceux qui sont encore entretenus sont devenus des bases de loisirs (plage et pédalos…) et ils ne remplissent plus leur rôle initial de stockage et de zone tampon en cas de crue. 

Les lois se succèdent et s’empilent pour ne pas imperméabiliser les sols (loi climat et résilience du 22 août 2021) et sur le terrain, on ne voit pas grand chose changer. 

L’agriculture a son rôle à jouer pour stocker cette eau hivernale et l’utiliser pour les cultures mais il est urgent d’avancer sur ce dossier. Il est quand même dommage dans ce pays d’attendre une catastrophe pour démarrer des travaux que tout le monde considère comme indispensable… »