« Nos agriculteurs, tellement utiles à l’Île-de-France ! »

Guillaume Vanthuyne, agriculteur à Grisy-les-Plâtres (Val-d’Oise) est président du Crédit agricole d’Île-de-France.

 « Quel bilan tirez-vous de l’agriculture francilienne pour ce premier semestre 2023 ? 

Permettez-moi cette réponse spontanée. Avec la nouvelle Pac, être agriculteur exige un « bac + 17 », tellement les réglementations, transpositions, conditionnalités complexifient le métier. Nos concitoyens estiment vivre les pires difficultés avec la déclaration des « biens immobiliers » mais ils sont très loin d’imaginer ce que notre profession vit au quotidien. 

Au-delà de cette réalité, le premier semestre est marqué par un contexte géopolitique très incertain qui impacte les exploitations de grandes cultures de notre région avec une hausse des charges. On constate également que les producteurs bio souffrent sévèrement de l’inflation. Quant aux producteurs spécialisés, ils doivent faire face à des problèmes de personnels insolubles. 

Néanmoins, il y a une bonne nouvelle cette année. Notre région réalise une moisson correcte. C’est important pour la grande majorité des 4 425 exploitations franciliennes et plus encore pour les jeunes agriculteurs, sachant que deux tiers des exploitants d’Île-de- France seront éligibles à la retraite dans les cinq ans. 

Comment le Crédit agricole d’Île-de-France accompagne-t-il au quotidien les agriculteurs franciliens ? 

Notre volonté est d’être présents et surtout utiles à l’agriculture francilienne. Pour cela, dans chaque direction régionale, c’est-à-dire à Versailles, Étampes, Cergy et Paris, nous avons des experts dédiés au monde agricole. Nous croyons à la notion de proximité, c’est dans notre ADN. Nos chargés d’affaires agissent pour apporter les solutions de financement les plus adaptées. Chaque année, nous finançons 40 millions d’euros sous forme de prêts à court terme, et 120 millions d’euros sous forme de prêts moyen et long terme, dont la moitié concerne le financement du matériel agricole. 

Ensuite, nous participons et encourageons les initiatives agricoles qui engagent des pratiques plus durables. Prenons l’exemple du partenariat signé avec McCain. Les agriculteurs qui investissent dans des pratiques, des équipements et des technologies tournées vers l’agriculture de régénération bénéficient de prêts bancaires à des conditions exclusives. Autre exemple, dans le domaine de la séquestration du carbone. La profession agricole a la volonté de structurer le marché de la séquestration du carbone et donc de sa valorisation au profit des agriculteurs à travers France Carbon Agri, dirigée par des agriculteurs de notre région. Nous croyons à la vision et à l’utilité de cette entreprise et c’est pour cela que nous la soutenons. 

Enfin, nous continuons à promouvoir inlassablement l’agriculture francilienne dans toutes ses dimensions. Que ce soit les visites guidées au Salon de l’agriculture à Paris avec plus de 2 200 enfants et 1 000 sociétaires, aux Culturales en juin dernier dans l’Essonne, et évidemment lors du Festival de la terre le week-end dernier aux côtés des Jeunes agriculteurs. J’aime également rappeler que cet élan est incarné par chaque vice-président du Crédit agricole d’Île-de-France (Michel Caffin à Versailles, Bénédicte Douriez à Étampes, Arlette Patin à Paris et Denis Fumery à Cergy), ainsi que par l’ensemble des 52 présidents de caisses locales. Chez nous, promouvoir l’agriculture est une réalité ! 

Vous êtes président d’une banque mutualiste, qu’est-ce que cela implique et en quoi cela vous engage vis-à-vis du monde agricole ? 

À Paris, je suis un agriculteur parmi les banquiers et dans le Vexin, à Marines, un banquier parmi les agriculteurs. Agriculteur-banquier ou banquier-agriculteur peu importe, ce qui compte, c’est que les responsables de la profession agricole trouvent toujours ma porte ouverte. Maintenant, l’enjeu du Crédit agricole d’Île-de-France est de se développer. Résolument. Nous avons 7 % de parts de marché. Nous pouvons faire mieux et c’est nécessaire malgré un marché régional extrêmement concurrencé. Pour cela, notre directeur général, Michel Ganzin, et son équipe lancent une nouvelle impulsion en ce mois de septembre. La mobilisation est générale. Il s’agit de devenir LA banque mutualiste francilienne. »