« L’agriculture française aujourd’hui : un mélange d’URSS et de Far-West ! »

Agriculteur à Morigny-Champigny (Essonne), Benoit Mazure est le président du syndicat Hurepoix-Étampois et, à ce titre, administrateur de la FDSEA Île-de-France.

«  »L’agriculture ne doit être ni l’URSS, ni le Far-West. » Ce sont les mots de Gabriel Attal lors de sa visite au Salon de l’agriculture. Et pourtant, la réalité nous oblige à constater que c’est actuellement les deux en même temps !

C’est l’URSS pour l’excès de bureaucratie, les normes absurdes, les réglementations en tout genre et le cortège de contrôles qui vont avec.

Mais c’est également le Far-West, avec l’ouverture de notre marché européen à tous les produits agricoles du monde, y compris ceux les moins-disants environnementaux et sociaux.

La révolte paysanne en cours vient en grande partie de ce paradoxe. Alors comment sortir de cette crise et réaliser enfin ce  »changement de logiciel » que nous appelons tous de nos vœux ? Quelle voie suivre : protectionnisme ou libéralisme ? Comme souvent face à des problèmes complexes, les solutions sont subtiles.

Pourtant, je pense qu’il est nécessaire de porter nos efforts sur le rétablissement de notre compétitivité, plutôt que de poursuivre le projet chimérique d’encadrement des prix. Définir des  »prix planchers » comme l’a suggéré Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture ne résoudra rien et certainement pas le revenu des agriculteurs.

Vouloir imposer des prix élevés à nos acheteurs dans un marché ouvert est le meilleur moyen de les inciter à aller se fournir ailleurs. Nous aurons de bons prix, mais pas d’acheteurs !

Par contre rétablir une juste concurrence entre les produits français et les autres produits européens me paraît plus adapté pour soutenir le chiffre d’affaires de nos fermes et du même coup nos revenus.

Pour réaliser cela, nul besoin d’investir des milliards d’euros de fonds publics, il suffit juste de renoncer aux surtranspositions franco-françaises et du même coup améliorer la compétitivité des agriculteurs. En un mot, ce qu’il faut avant tout à notre agriculture française, c’est du courage politique ! »