« Utilisons notre bon sens paysan pour gérer l’eau ! »

Agriculteur à Buno-Bonnevaux (Essonne), Samuel Herblot est administrateur du syndicat de Beauce- Gâtinais.

« Je suis frappé de voir le manque de concertation, ou tout simplement de dialogue et de discussion, autour des enjeux de l’eau. On ne peut pas évoquer la question du stockage sans provoquer des tensions. Quand il y a une inondation, on nous dit presque que c’est normal. Le dogme est désormais le suivant : l’eau tombe dans la rivière, la rivière se jette dans la mer, et on n’intervient pas. Pas d’aménagement, suppression des oeuvres existantes… Il faut que la rivière coule en permanence pour préserver la  »continuité écologique » des cours d’eau. Aujourd’hui, on ne sait pas qui doit faire quoi, et si l’on fait quelque chose, on a peur de récolter une amende. Sur ce point, il ne faut pas hésiter à se rapprocher de la DDT locale ou de votre syndicat, ils vous renseigneront pour les démarches.

Je ne nie pas le changement climatique. Néanmoins, il y aurait sans doute une autre façon de gérer l’eau que celle en oeuvre aujourd’hui. Utilisons notre bon sens paysan ! Nos anciens avaient l’habitude d’entretenir les rivières qui passaient chez eux. L’eau est un enjeu local, et implique une gestion territorialisée. Tout n’est pas applicable de la même façon partout en France. Le curage des cours d’eau prévu dans les nouveaux textes de loi devrait aider à améliorer la situation.

De la même façon, imaginer des stockages d’eau dans des endroits adaptés est une piste de réflexion intéressante. Une réserve d’eau bien placée permettrait une irrigation locale, ou de remettre de l’eau l’été quand elle est à sec. Cela implique une gestion multifonctionnelle et concertée. La condition, c’est que cette réflexion se produise sur les territoires concernés. Ce qui est approprié pour un exploitant qui a sa ferme au fond d’une vallée ne l’est pas forcément pour moi qui suis sur la plaine. Autre piste : réutiliser l’eau des stations d’épuration après leur traitement.

Depuis le 1er septembre, 660 mm d’eau sont tombés, contre 600 mm en moyenne les autres années. La nature sait se rééquilibrer. L’eau est un bien qui se renouvelle. Elle ne manquera pas chez nous, mais sa répartition sera certainement moins régulière sur l’année. Et surtout, c’est un bien qui se gère localement. »