Agriculteur à Boissy-l’Aillerie (Val-d’Oise), Paul Dubray est conseiller départemental chargé de la ruralité et des relations avec le monde agricole, président de l’Union du Val-d’Oise et administrateur de la FDSEA Île-de-France.

« Chacun le constate depuis quelques années, de nombreux facteurs conduisent à des difficultés prégnantes dans nos exploitations de grandes cultures. Évolution climatique, contexte géopolitique, restrictions des moyens de production… La seule production de céréales ne nous permet plus de vivre dignement, de faire prospérer nos fermes et d’en assurer la pérennité. Nombreux sont ceux qui se lancent dans des diversifications et j’invite aujourd’hui tous les agriculteurs à se poser la question et à se lancer dans l’aventure. Dans notre département du Val-d’Oise, le conseil départemental mène une politique forte en matière de circuits courts. Il faut profiter du train qui passe maintenant. Le mois dernier, nous avons inauguré l’École des chefs, afin d’accompagner les chefs des restaurations scolaires à changer leurs pratiques, se remettre à cuisiner et utiliser des produits locaux. Cette initiative est unique en France et très bien accueillie. Les chefs sont ravis de reprendre le pouvoir dans leur cuisine et de retrouver du lien avec la matière première, que ce soit des pâtes, des lentilles, des légumes…

Régulièrement, nous prendrons des échantillons dans les fermes pour faire des tests en cuisine centrale et élaborer des modes de préparation et des recettes adaptées. Pour quelques centimes de plus, la qualité gustative des repas de nos collégiens évoluera considérablement. Et nous prévoyons aussi de remettre du lien entre les enfants et les agriculteurs en organisant des visites dans les fermes qui produisent ce qu’ils ont dans les assiettes.

Grâce à cette école, chaque chef des 114 collèges du département va pouvoir être formé — à raison de deux semaines à deux mois selon les besoins et objectifs — afin de retrouver de la maîtrise dans ses cuisines et proposer aux enfants des plats cuisinés maison avec des produits sains et locaux. C’est une opportunité extraordinaire pour les agriculteurs val-d’oisiens qui voient là débarquer un train dans lequel il faut, à mon sens, ne pas hésiter à monter. Il y aura des débouchés au bout, nous ne sommes qu’aux balbutiements de ce que nous souhaitons développer. À l’avenir, nous réfléchissons aussi à créer un outil logistique afin de faciliter les livraisons/ approvisionnements.

Dernier point, ces projets de diversification dans les exploitations sont aussi une opportunité de mettre sur pied des projets d’irrigation collective qui pourront être plus facilement portés en DDT du fait de leur plus grande acceptabilité sociétale. »