Agriculteur à Houdan (Yvelines) en grandes cultures avec une diversification en maraîchage, Damien Vanhalst est président du syndicat de Houdan.
« En cette semaine du Salon de l’agriculture, les Français se déplacent en masse pour voir ce qu’est l’agriculture avec ses animaux, ses végétaux, ses produits régionaux, mais surtout avoir la sensation de retourner à leurs racines.
Nous sommes contents de donner ce sentiment réconfortant aux consommateurs ; mais il faut bien comprendre que le Salon, s’il est une vitrine de l’agriculture, n’est pas l’agriculture du quotidien.
En tant qu’agriculteurs, nous souhaiterions que notre quotidien consiste à nous occuper de nos champs, de nos bêtes, avec quelques réunions techniques qui nous permettent d’évoluer dans notre métier. Mais hélas, cela ne représente en réalité qu’une faible partie de notre activité. En effet, nous passons une grande partie de notre temps à compléter de la paperasse, à essayer de comprendre les réglementations que l’on nous impose, à nous débattre avec celles mises en place, et à tenter d’appréhender les conséquences de l’urbanisation sur nos espaces ruraux.
Les réglementations que l’on impose à l’agriculture ne sont que le reflet des volontés des consommateurs et usagers de services, le tout mis en place par des élus de la République. Alors que l’on parle enfin de simplification, de nouveaux carcans arrivent, au niveau européen ou même au niveau des communes.
Bien sûr, il est primordial de produire une alimentation saine et de qualité, mais cela a un coût. À vouloir mettre des contraintes, et donc des charges, à la production pour faire »plus blanc que blanc », alors que dans le même temps il est importé des produits low cost avec beaucoup moins d’obligations réglementaires et environnementales, l’agriculture française ne résistera pas.
Oui, il faut nourrir tout le monde. L’agriculture française a la chance d’être très diverse et de pouvoir répondre aux différents marchés. Elle a d’ailleurs été élue, pour la troisième année consécutive, l’agriculture la plus durable au monde selon The Economist.
Donc si »le Français » souhaite continuer à venir »caresser le cul des vaches » une fois par an au Salon, son soutien reste indispensable. Ce soutien doit se traduire par des actes citoyens. De ce qu’il choisit de mettre dans son assiette à ses choix politiques, tout compte. »