« Je suis en colère car nous ne sommes pas entendus » 

 Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est Président de la commission agriculture biologique de la FDSEA Île-de-France. 

 « L’agriculture bio aussi est au plus mal. Depuis deux ans, nous avons tenté à maintes reprises d’alerter les pouvoirs publics, les collectivités et nos organisations sur la crise de toutes les productions bio rattrapées par le retournement brutal du marché. Par exemple, nous sommes passés de 450 à 250 euros la tonne de blé bio. À cause des stocks actuels, ce qui n’est pas engagé ne trouve pas preneur, voire part en conventionnel. 

Une aide de crise a été débloquée, mais avec des critères d’attribution inadaptés. Pour tous les exploitants qui n’ont pas pu y accéder, il faut une aide d’urgence 2024, accompagnée d’un soutien aux trésoreries par les banques et la MSA. 

Car, parallèlement, nous avons perdu les aides au maintien que la Région Île-de-France avait réussi à conserver. Vu la conjoncture actuelle, il est difficile de comprendre pourquoi on soutient les conversions, et que l’on supprime les aides au maintien ! Il faut réorienter les enveloppes vers les vrais besoins. La Maec Eau mise en place avec l’aide de la Driaaf n’est pas suffisante car excluant 90 % des agriculteurs bio par des territoires trop restreints. 

La consommation doit être relancée et c’est en cours. Mais quand l’État annonce 100 millions pour le dispositif Egalim, c’est du vent ! Sans compter qu’il existe de plus en plus de collectivités qui s’approvisionnent en  »bio » d’importation. 

D’autre part, il faut que chacun reconnaisse nos spécificités et notre apport. Je considère que nous, les producteurs bio, sommes producteurs de denrées valorisées par les marchés certes, mais aussi producteurs de services environnementaux ! Les pratiques agricoles vertueuses bénéficient à la collectivité, elles doivent donc être rémunérées à leur juste niveau, en bio comme en conventionnel. 

Aujourd’hui, je suis en colère, personne ne nous entend. Pour défendre la filière bio, nous aussi allons organiser des actions syndicales ! »